Mode de culture


2007 : la prise de contact

La prise de contact, à Sensine, est assez compliquée. D’une part par la nouveauté de l’activité, d’autre part par les conditions météorologiques extraordinaires (printemps très chaud, été passablement pluvieux). Cela se traduit, à la vigne, par un débourrement extrêmement précoce, une croissance très rapide qui engendre nombre de problèmes ainsi qu’une certaine vulnérabilité aux maladies cryptogamiques. Heureusement, les aides sont nombreuses, les dégâts ne sont pas trop conséquents, et l’arrière saison est belle. Au final : une vendange aussi qualitative que délicate : quasi tout est trié grain par grain !

2008 : année de transition

Suite à l’expérience de 2007, et sur les conseils avisés de Marie-Thérèse Chappaz, la vigne est travaillée en biodynamie dès le début de l’année viticole 2008 (soit juste après les vendanges 2007). Changement qui ne va pas sans surplus de travail. Aussi le travail d’employé au CAVE est-il abandonné en décembre 2008 au profit de la prise en charge de l’ensemble des travaux de vigne, alors que jusque-là, une partie de ceux-ci étaient le fait d’un mandat.

Biodynamie

Longtemps travaillées en viticulture conventionnelle, les parcelles de Sensine recevaient notamment herbicides et engrais minéraux. Afin de freiner la dégradation des sols et de renouer avec une viticulture plus proche de la nature, ces produits sont bannis dès 2007.

Avec l’orientation biodynamique, plus aucun produit de traitement ne comporte désormais d’élément de synthèse chimique. Les traitements sont en effet uniquement composés de produits naturels dont notamment tisanes de plantes, petit lait, soufre, bouillie bordelaise, etc.

Le travail du sol est réhabilité au printemps 2008 (ce qui n’a plus été fait depuis au moins 15 ans). C’est Mathieu Udriot et son cheval Cannelle, qui s’en chargent : équipe idéale et rapide s’il en est pour travailler dans des vignes étroites telles celles de Sensine.

L’influence des astres (soleil, planètes et constellations) est prise en compte pour les travaux de la vigne ainsi que pour l’application des différentes préparations biodynamiques : « bouse de corne », « silice de corne », eau d’enduit, etc.

Les préparations biodynamiques ainsi que le travail du sol permettent non seulement aux vignes mais à l’ensemble des parcelles d’augmenter l’intensité, la diversité et la qualité de la vie qui y règne. Les plantes se nourrissent ainsi d’un sol plus complexe, plus vivant. Elles accroissent aussi leur sensibilité aux effets du lieu sur lequel elles poussent : qualité de la lumière, ouverture au paysage, aux vents, influence des astres, etc. Ainsi atteignent-elles un équilibre sensible, riche qui leur permet de produire des fruits sains, plein d’énergie et de goût.

Viticulture phusique

Vivante, complexe, la vigne ne se résume pas à un objet dont on s’occupe de manière extérieure. Le but – et c’est là l’enjeu d’une viticulture phusique – est bien plutôt d’écouter la vigne au point de chercher à se mettre à sa place, de laisser résonner en soi la vie qui résonne aussi en elle, pour ainsi dire de devenir vigne. Non pas (vouloir) devenir vigneron, mais devenir vigne, devenir les racines, le cep, la sève, les sarments, les feuilles, les fleurs, les raisins, et finalement le vin lui-même. Pour accompagner de bout en bout l’évolution, la production et le travail d’un raisin vivant et vibrant, épaulé par une sensibilité aiguisée aux multiples influences de la vie en général.