Une journée à Sensine

 

Seigle en début de floraison
Seigle en début de floraison

Voici, en quelques mots et quelques photos, le résumé d’une journée de viticulture à Sensine, dans une période intense où les travaux de printemps se succèdent sans arrêt.

Rendez-vous ce samedi à 7h30 sur place avec Mathieu Udriot et Cannelle, son petit cheval spécialisé dans les travaux de traction. On commence par un tour de la parcelle pour décider des différents travaux. En effet, malgré la relative petite taille de cette vigne, les sols ne réagissent pas tous pareillement et il faut adapter le travail à chaque endroit. En fonction de la structure de la terre, de l’écartement des lignes, de l’avancement de la végétation et de l’effet recherché.

On commence sans tarder par la plantation de 2013. On est en troisième feuille et les ceps sont encore trop peu vigoureux. Le choix du porte-greffe (riparia gloire) y est sans doute pour beaucoup. On décide ici de travailler le sol avec 5 griffes, deux passages et un rang sur deux. L’autre rang est laissé en place. Lors du dernier travail du sol en automne passé, on avait semé un peu de seigle d’hiver. Le résultat, dans cette parcelle, est assez impressionnant et il a fallu broyer le seigle et les herbes avant de passer avec la charrue. Afin de faciliter le difficile travail de Cannelle, le premier passage est toujours fait à la descente…

Parcelle plantée en 2013
Parcelle plantée en 2013

On passe ensuite à la vieille vigne qui est, comme souvent, travaillée tous les rangs mais avec seulement trois griffes car les lignes sont plus serrées. Il faut, en outre, décrocher la charrue à  la fin de chaque ligne car il y a très peu de place pour tourner et les petites pousses d’Arvine extrêmement délicates.

La vieille vigne de 1955
La vieille vigne de 1955

Après cela, on attaque l’Humagne Rouge. Mais, après seulement deux lignes, on abandonne car c’est encore plus serré que dans la vieille vigne et pas mal de bourgeons d’Humagne risqueraient d’y passer. Sur cette parcelle, on remarque que le seigle semé à l’automne, avec un peu d’un mélange spécial d’herbes sélectionnées pour la vigne, a de la peine à pousser. Alors qu’il dépasse facilement le mètre à certains endroits du plantier, dans l’Humagne, il reste très éparse et ne fait pas plus de 20 ou 30 cm… On le voit très bien sur la photo : seul un rang sur deux a reçu le seigle et le mélange.

Humagne Rouge
Humagne Rouge

Finalement, on termine par la jeune vigne qui a aussi eu un peu de seigle (une ligne sur deux). Sur certaines lignes, on laisse le seigle et sur les autres, on fait deux passages avec 3 griffes. Un petit bout est laissé tel quel. Il a reçu, l’automne passé, uniquement le mélange et les lignes sont courtes et trop serrées pour faire actuellement un passage sans casse !

Vigne plantée en 1997
Vigne plantée en 1997

 

Vigne plantée en 1997 avec des lignes courtes et serrées.
Vigne plantée en 1997 avec des lignes courtes et serrées.

Il est 10h, Mathieu et Cannelle s’en vont et je me mets alors à ébourgeonner le reste de la vieille vigne. Sous le rang, l’herbe est tellement haute qu’il faut une main pour arracher l’herbe et l’autre, pour ébourgeonner ! Par ailleurs, il y a une attaque d’araignées rouges assez importante sur certains ceps qui ne poussent quasiment pas… Je n’en ai jamais vu autant et il va falloir faire quelque chose.

araigneerouge
Cep atteint d’araignées rouges

Trois heures plus tard, j’entame l’ébourgeonnage de l’Humagne Rouge avec une certaine concentration car j’ai décidé de passer d’une taille guyot à une taille cordon. Le choix des bourgeons à laisser est donc encore plus important que d’habitude.

Vers 16h30, j’arrive au bout de la parcelle et commence à pulvériser une tisane d’ortie sur les ceps atteints d’araignée rouge. C’est une tisane qu’il faut laisser macérer un jour entier avant utilisation et comme j’avais déjà observé passablement de dégâts, j’en avais mis une en route hier…

La limite avec le voisin est bien visible, pas besoin de commentaires !
La limite avec le voisin est bien visible, pas besoin de commentaires !

Vers 17h30, avant de terminer cette bonne journée de vigne, je fais encore quelques photos et récolte les feuilles atteintes de l’araignée pour les amener à Marie-Thérèse Chappaz qui me donne toujours de précieux conseils en viticulture et à qui je dois la plupart de mes connaissances agronomiques. J’arrive à la Liaudisaz et nous discutons un peu. Selon elle, le problème est qu’il n’y a pas assez de typhlodromes qui sont les prédateurs des araignées rouges. Selon ses observations, cela dépend de la parcelle, du climat, de l’enherbement (il faudrait sans doute commencer les travaux du sol plus tôt afin de stimuler la vigueur de la vigne) et d’une utilisation importante de soufre dans les produits de traitement. L’idée de la tisane d’ortie prolongée est bonne mais cela ne suffira pas : il faut aller chercher dès que possible des feuilles dans ses vignes et les mettre sur chacun des ceps atteint, histoire de remettre des typhlodromes dans la parcelle. Je sais ce que je vais faire en début de semaine prochaine…

Je profite pour déguster une nouvelle fois une partie de ses cuvées récemment mises en bouteille et prend finalement la route du retour après une longue journée !

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